L’allaitement – cette magie de la nature

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Beaucoup d’entre nous disent que le meilleur jour de notre vie est celui de la naissance de notre enfant. Quand nous avons vu ce petit être vulnérable, doux, que nous trouvons beau et qui nous ressemble, se colle à nous pour être protégé, câliné et aimé. Ce jour-là nous comprenons que notre envie de créer cette petite progéniture et plus particulièrement sa naissance n’est pas une finalité, mais seulement un début. Quand nous excluons les problèmes physiologiques et psychologiques qui peuvent nous empêcher d’avoir un enfant, il est facile de créer un être humain. Notre devoir ne s’arrête pas au fait de donner naissance à un enfant, mais aussi de l’élever de la meilleure manière que nous puissions. En plus de l’amour et les caresses en abondance qu’il doit recevoir, l’alimentation du bébé comme pour chaque être vivant est vital. La nourriture est celle qui nous permet de grandir, d’être en bonne santé, de vivre.

La seule espèce de tous les êtres vivants qui a le choix de ne pas élever son enfant avec son propre lait maternel est l’être humain. Il est intéressant que ce phénomène est présent le plus souvent dans les pays plus développés économiquement où la femme a la liberté de choix, libre de faire ce qu’il lui plaît et peut préserver son « indépendance ». De moins en moins de bébés aujourd’hui sont allaités en Europe et la France fait malheureusement partie des pays où l’allaitement maternel est parmi les niveaux les plus bas. Si tous les bébés pouvaient être allaités, le lait maternel pourrait sauver 800 000 enfants au Monde selon l’OMS. Pour vouloir bien faire ou obtenir un bon résultat, nous avons besoin d’avoir suffisamment d’informations et de volonté pour chercher ces informations, bien sûr. Les mamans évoquent le plus souvent des problèmes de niveau physiologique comme la baisse de lactation qui provoque une insuffisance en quantité, ou des douleurs aux mamelons à cause de la succion du bébé ; au niveau psychologique le motif de la perte de liberté est souvent évoqué car la maman doit être très disponible pour son enfant. Il est vrai que pour allaiter son enfant il faut faire preuve d’une forte volonté. Il y quelques années cette question ne se posait pas, les mamans allaitaient leurs enfants comme une suite normale de l’accouchement, mais aujourd’hui l’allaitement est devenu un débat.

Quand nous voulons avoir un enfant, nous devenons responsables des bases de sa structure comme personne, de son équilibre émotionnel, de sa santé (sauf pour les maladies sur lesquelles nous n’avons pas d’influence comme les anomalies génétiques, par exemple). Il est de notre devoir de faire tout ce qui est possible pour que notre enfant soit bien et qu’il se sente bien.

L’allaitement est une des choses plus naturelles au monde. La nature s’occupe de tout quand nous avons les yeux pour le voir et les oreilles pour l’entendre. A la naissance du bébé et même dans le dernier trimestre de la grossesse, la maman produit le colostrum, appelé « l’or liquide », qui est un liquide jaunâtre sécrété par ses seins. La production de la prolactine et la mise en place de la lactogénèse font partie d’un processus qui entre en action à la suite à la chute brutale de la progestérone après l’expulsion du placenta.  C’est le premier lait que le bébé boit et qui est moins riche et plus pauvre en sucres que le lait maternel qui apparaîtra quelques jours plus tard. Le colostrum est produit en faible quantité et augmente en fonction des besoins du nourrisson. La première tétée ne dure pas longtemps et doit avoir lieu quelques heures après l’accouchement. L’estomac du nouveau-né a la taille d’une cerise et ne peut contenir qu’une quantité de colostrum égale à une cuillère à café. C’est la raison pour laquelle plus le bébé est petit, plus il a besoin de téter souvent, car il digère rapidement le lait. Si le bébé est né prématurément le colostrum s’avère encore plus riche, afin de protéger le bébé et lui permettre d’avoir un bon début de vie. Recevoir le colostrum pendant la première tétée est primordial pour le nouveau-né, car le premier lait est particulièrement riche en anticorps avec une concentration très élevée juste après la naissance. Il est plus riche et concentré que le lait mature et il contient des vitamines, des sels minéraux et des acides gras, des protéines et en haute concentration des immunoglobulines sécrétoires IgG, IgM, IgA et IgE. La flore microbienne lactobacillus bifidus a le rôle de favoriser le développement intestinal et de « tapisser » l’estomac pour protéger la muqueuse intestinale contre les agressions bactériennes. Il aide ainsi à l’expulsion du méconium (les première selles). Le colostrum a la capacité de réguler la glycémie et l’immunité du nouveau-né. Les bénéfices sont donc nombreux et très importants pour le bébé.

Une cause fréquente d’arrêt de l’allaitement malheureusement reste le manque d’information ou d’accompagnement approprié. Souvent les mamans allaitantes évoquent l’arrêt du lait maternel et qu’il devient insuffisant pour leurs bébés et si nous regardons attentivement cela intervient vers la fin du premier mois ou le plus souvent au bout du troisième mois qui sont des périodes correspondantes à de très forts pics de croissance. Les pics ou les poussées de croissance se remarquent par un besoin du bébé de téter très souvent (12 à 14 fois par jour) et cette période correspond à une croissance très rapide (parfois sa taille augmente de 1-2cm en une nuit). Plusieurs signes accompagnent ce moment – le bébé recherche constamment les bras et pleure dès que la maman le repose, il est ronchon et semble insatiable, les seins de la maman semblent « vides » et elle dit ne pas pouvoir tirer du lait. Il est nécessaire de savoir aussi que les seins maternels ne sont pas des « robinets » et que le bébé par son instant de succion fait couler le lait maternel d’une manière naturelle. La maman décide alors rapidement qu’elle n’a plus de lait, or son corps est en train de s’adapter aux nouveaux besoins de son enfant – il grandit et il a besoin de plus de lait qu’il soit plus riche aussi. La période de la poussée de croissance dure généralement entre 2 et 4 jours, le plus souvent 3 jours ce qui semble à la maman une éternité. La meilleure chose à faire c’est de laisser son enfant téter autant qu’il le souhaite et de cette façon au bout de 3 jours ils retrouveront tous les deux leur confort. Le bébé aura la quantité et la consistance du lait dont il a besoin, et la maman son plaisir de retrouver son sommeil et d’avoir un bébé tranquille. Si nous n’avons pas ces informations ou si nous sommes mal conseillées, à ce moment-là le lait artificiel prend la place du lait maternel.

La meilleure façon d’allaiter son bébé est à la demande, c’est-à-dire de laisser au bébé de manifester sa faim de façon naturelle jour et nuit. Allaiter son enfant à des horaires précis serait une erreur, tous les bébés sont différents et ont des besoins différents de s’alimenter en terme de quantité et consistance du lait. Seul le bébé et ni la maman, ni le papa, ni la sage-femme, ni le pédiatre ne connaissent la quantité qu’il a ingurgité et quand il a vraiment faim. Si l’enfant ne présente pas de problème de santé ou s’il n’est pas né prématurément, le mieux c’est de le laisser montrer seul sa faim. Il est important ainsi de le laisser téter suffisamment longtemps (chaque bébé est aussi différent dans cet aspect) pour qu’il puisse recevoir une quantité suffisante de lait dont la consistance change au court de la tétée. Si nous laissons notre enfant ne téter qu’un peu, il va recevoir que le premier lait qui est très digeste, qui lui permet d’apaiser sa soif, mais ne permet pas de rassasier sa faim qui se fait par le lait plus gras qui vient juste après, et le bébé va alors réclamer plus souvent la tétée.

En ce qui concerne la conservation du lait maternel par congélation, il est important de savoir que plusieurs études mènent à la conclusion que la plupart des anticorps y présents se détruisent et les graisses seraient de moins bonne qualité.

Le besoin de votre bébé de téter n’est pas uniquement provoqué par la faim, mais aussi par la soif, par l’envie de sentir sa maman proche, pour retrouver le calme ou pour s’endormir plus facilement, car téter l’apaise.

L’allaitement est une des expressions de l’amour maternel et un moyen merveilleux pour aider à la construction d’un être humain épanoui, et qui pose les bases de la confiance en soi du futur adulte.

Milla DI GREGORIO

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